Sylvain Tesson – Sur les chemins noirs ·  Sylvain Tesson – Sur les chemins noirs · 
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Rencontre
jeudi 13 octobre 2016

Sylvain Tesson – Sur les chemins noirs

« L’année avait été rude. Je m’étais cassé la gueule d’un toit où je faisais le pitre. J’étais tombé du rebord de la nuit, m’étais écrasé sur la Terre. Il avait suffi de huit mètres pour me briser les côtes, les vertèbres, le crâne. J’étais tombé sur un tas d’os. Je regretterais longtemps cette chute parce que je disposais jusqu’alors d’une machine physique qui m’autorisait à vivre en surchauffe. Pour moi, une noble existence ressemblait aux écrans de contrôle des camions sibériens : tous les voyants d’alerte sont au rouge mais la machine taille sa route.

Il fallait à présent me montrer fidèle au serment de mes nuits de pitié où, corseté dans un lit étroit, je m’étais vu sur les chemins de pierres. Je voulais m’en aller par les chemins cachés, flanqués de haies, par les sous-bois de ronces et les pistes à ornières reliant les villages abandonnés. Il existait encore une géographie de traverse pour peu que l’on lise les cartes, que l’on accepte le détour et force les passages. Loin des routes, il existait une France ombreuse protégée du vacarme, épargnée par l’aménagement qui est la pollution du mystère. »

Sylvain Tesson

Sylvain Tesson © Thomas Goisque

À lire

Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs, Gallimard, 2016.