Bruno Gibert – Les Forçats

À l’époque, Bruno Gibert n’écrit pas (encore) : il souhaite devenir peintre. Il rencontre Édouard Levé qui est, lui aussi, tout occupé à devenir. « Ed » l’hypocondriaque, Ed qui dit préférer la radicalité de la mort aux caprices de la maladie, Ed diplômé de l’ESSEC qui a quitté la vie normale et productive, Ed qui est d’ores et déjà un artiste dans l’âme, tout comme le narrateur. Encore faut-il bâtir une œuvre. « Forçats de l’œil », les deux complices arpentent Paris et passent leur temps à imaginer des installations artistiques plus folles et irréalisables les unes que les autres, comme cette collection complète de vêtements qu’un individu aurait portés de sa naissance jusqu’à sa mort. Ed devient un « artiste plasticien » reconnu, Bruno se met à écrire. Portrait d’un ami et artiste pour le moins singulier et mystérieux, Les forçats est aussi un hommage magnifique à la dinguerie salutaire de l’art et, bien sûr, des artistes.