Comment penser ce sillon musical du poème dont le va-et-vient retourne le matériau du langage ordinaire et ravive les paroles gelées d’anciens chants ? La poésie de Philippe Beck récrit et transforme obstinément les poèmes du passé, ranime des genres éteints, poétise la prose des contes populaires et même celle des critiques poétiques. Dans Le sillon du poème. En lisant Philippe Beck, le philosophe Jacques Rancière s’intéresse à ce que la poésie de Beck fait à la fois au langage, à la pensée et à la politique, et éclaire également son travail de re-poétisation du poétique. Rancière insiste sur le nœud langage-pensée-communauté et désigne l’idée de dégel de la langue comme utopie de la poésie et pratique du refus de l’état du monde après les ambitions romantiques. Par le dialogue qu’il suscite, le livre sur le poète est donc aussi un livre fait avec lui. Le dialogue continuera de prendre corps ce soir et se déploiera également grâce à la présence de Judith Balso, à l’occasion de son travail sur le vers de Beck, paru en avril dans le dossier n°60 de la revue Nu(e), dirigée par Béatrice Bonhomme.
Ph. Beck ©Flammarion
Jacques Rancière, Le sillon du poème, En lisant Philippe Beck, éd. Nous, 2016.