Les trois réquisitoires lyriques qui composent Herbes et golems montrent la singularité poétique de Manuela Draeger tout en reprenant les figures fondamentales de la révolte post-exotique. Des prisonnières prennent la parole du fond de leur geôle pour déclamer ou murmurer amoureusement des appellations d’herbes imaginaires ; deux détenues victimes de viols revisitent le mythe du golem à la lumière de leurs propres obsessions ; ou encore un comité de soutien, au nom de la liberté, fait l’appel des innombrables ivraies inconnues qui sont menacées par le bétail, les voyageurs et les bergers. Qu’elles soient vivantes ou disparues, toutes ces femmes à qui Manuela Draeger donne la parole témoignent de la violence des hommes, et, pour exprimer leur rupture avec le monde qui les entoure, elles inventent un langage littéraire étrange et somptueux.
Manuela Draeger, Herbes et golems, L’Olivier, 2012.